Les États-Unis ont une scène musicale éclatée, où les universités tiennent un rôle (au moins économiquement) déterminant. Dans la musique contemporaine, des professeurs de composition aussi différents que David Lang ou Mark Applebaum témoignent de la variété des approches, même s’ils sont parfois en Europe diffusés confidentiellement. Jesse Marino a très tôt travaillé en conjuguant la vidéo et la musique, avec des montages et superpositions d’images trouvées sur Youtube, ou au contraire conçues sur mesure (Nice Guys Win Twice, 2018), parfois seule ou en collaboration (par exemple, avec Constantin Basica), en utilisant des principes de collages, de superpositions, de montages dénués de relations logiques, mais considérés comme des objets à orchestrer, c’est-à-dire qui constituent de textures, des premiers plans, et dont la succession ménage des effets de surprise ou de narration. Ce travail sur le temps et la continuité, brisée ou linéaire est cinématique, où la construction narrative est primordiale. Chez Marino, le jeu sur les codes de la narration est transposé sur des actions, images et sons non narratifs, brouillant les frontières entre la composition filmique et musicale.