composer
l’image

Thierry De Mey est un pionnier. Dès les années 1980, il travaille à la fois comme cinéaste et comme compositeur. Le fil rouge de son travail est une exploration du mouvement : que celui-ci soit chorégraphique (il a longtemps collaboré avec des chorégraphes), ou instrumental, ou produit par des musiciens (Light Music, 2004), ou bien entendu celui de la caméra. De l’image en mouvement, De Mey cherche à identifier les sources et les formes du mouvement pour les composer.

Floréal est inaugural : premier film de l’auteur, il n’engage apparemment pas la musique. Pourtant, le rythme du montage et la forme (qui alterne des membres d’une famille et des plans fixes sur des détails d’architecture) sont éminemment musicaux. Il s’agit ici (à la suite de Dziga Vertov) d’affirmer le montage comme porteur de sens. Mais contrairement à L’Homme à la Caméra (1929), aucun regard politique sur une société en mutation, mais une efflorescence d’images de mémoire, personnelles, jamais intimes, qui s’ouvre, comme de juste, sur deux petites filles qui jouent avec leurs mains, dessinant dans l’air l’esquisse des mouvements qui deviendront le terrain de jeu futur de l’artiste.