troisième étape de la série consacrée à l’orgue : Wolfgang Mitterer en est l’original interprète.
Wolfgang Mitterer renouvelle à sa manière la pratique du compositeur-interprète – « une espèce rare et démodée » confit-il ironiquement – dont la voie la plus surprenante est peut-être celle qui l’amène au récital d’orgue, son instrument.
Ses nombreuses compositions pour orgue s’écartent en tout point des références liturgiques ou religieuses, auxquelles empruntent, par exemple, Olivier Messiaen et sa descendance, pour créer un univers sonore étonnamment hétérogène et expressif. L’instrumentiste est ici allié au chercheur de son, à l’improvisateur… Dans mixture V, la puissance de l’instrument est contenue avant d’être libérée par salves, la pièce se développe en nappes sonores statiques successives, entremêlées de sons électroniques savamment agencés, les moyens de synthèse (bruitage, distorsion, modulations électroniques, échantillonnages complexes…) sont convoqués avec à-propos pour constituer un univers véritablement inouï.
On y entendra sans doute, alors que le Prélude et Fugue en mi mineur de Jean-Sébastien Bach aura rétabli l’horloge de l’auditeur, quelques lointaines correspondances avec le célèbre Volumina de György Ligeti, longue trace sonore où l’orgue déploie en de magistraux registres une idée spatiale et mouvante du son.