I went to the house but did not enter

Heiner Goebbels est un lecteur. Ses spectacles sont parcourus par la littérature, souvent dans des associations fertiles. On a en mémoire la rencontre imaginaire entre Joseph Conrad, Heiner Müller et Francis Ponge (Ou bien le débarquement désastreux, 1993) ou celle entre le mathématicien Max Black et Paul Valéry (Max Black, 1998). Elias Canetti (Eraritjaritjaka, 2004) ou Gertrude Stein (Hasirigaki, 2001) habitent aussi sa bibliothèque idéale.

« J’allai à cette maison, mais sans y entrer » est emprunté à Maurice Blanchot (la Folie du jour, 1973) auquel sont associés T.S. Eliot et Samuel Beckett. Trois époques, trois écritures. Un interlude – « confié » à Franz Kafka, œuvre de toute époque et de toute langue – complète le spectacle.

Ces trois tableaux se déroulent dans trois lieux-décors différents, très présents, intérieurs où la maison – cette maison déjà présente dans Eraritjaritjaka – est le centre d’un plus vaste monde. Il y a une certaine nostalgie qui se dégage de pareils endroits (un salon, la façade d’un pavillon, une chambre d’hôtel) parce qu’ils évoquent instantanément une intimité chargée de souvenirs.

Heiner Goebbels compose le spectacle, initié par le célèbre Hilliard Ensemble, en trouvant quatre postures vocales singulières : de la diffraction de la voix parlée à un système d’accords méthodiques et lentement persuasifs.