SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg
Musica inaugure son édition 2009 avec la prestigieuse phalange de Baden-Baden/Freiburg et son chef Sylvain Cambreling ; pour signifier l’importance et la richesse de la musique d’orchestre et consacrer, en Luca Francesconi, un des nouveaux chefs de file
de la musique italienne.
Entre Luca Francesconi et Luciano Berio, on ne peut concevoir filiation plus directe, plus respectueuse, plus généreuse. Un relais passé, définitivement, en 2002, à la disparition du maître de Gênes et dont Rest, pour violoncelle et orchestre, écrit en 2003, est le témoignage-hommage. Francesconi associe cinq notes aux cinq lettres du nom – B.E.R.I.O - pour composer ce concerto in memoriam, où l’orchestre devient une immense caisse harmonique du violoncelle.
Le concerto est un genre que Luciano Berio a réinventé tout au long de sa vie, y consacrant une vingtaine d’œuvres. Solo en est l’ultime. « Il ne s’agit pas d’un concerto proprement dit. Le trombone génère en grande partie le discours de l’orchestre, mais le parcours et la substance de chacun restent bien différents. Dans les faits ils ne se “parlent“ pas. Solo, plus qu’un concerto, est une rencontre entre deux solitudes » précisait-il à sa création en 1999.
Au concerto s’oppose l’orchestre seul. Francesconi, comme Berio, en aime la complexité, la masse et la force. Cobalt Scarlet, « deux couleurs de l’aube », est une grande fresque inspirée par la lumière observée à Oslo. De l’obscurité émerge un lever de soleil, en une lente et progressive évolution de la matière. Le calme cède le pas à une énergie de plus en plus dense, entraînant l’orchestre en une sorte de danse sauvage, dionysiaque.
Cet orchestre contraste singulièrement avec celui des trois Illusions d’Elliott Carter, qui font successivement référence au royaume imaginaire inventé par Sancho Panza, au mythe de la fontaine de jouvence, et à l’Utopie imaginée par Thomas More.