Ismène

La scène est sombre et calme. Une étendue d’eau, comme un miroir. De la silhouette d’Ismène, corps nu chargé d’un collier qui l’habille simplement, surgit la voix, doucement parlée : « Venez de temps en temps – cela me fera plaisir. Par ici le temps est lent ».

C’est à l’occasion d’un voyage à Athènes que Marianne Pousseur découvre Le Mur dans le miroir, recueil du poète et révolutionnaire Yannis Ritsos (1909-1990). La lecture d’Ismène, restauration d’une figure mythologique restée en marge de la légende, la bouleverse. Avec Enrico Bagnoli, elle invite alors quelques complices de longue date – dont le compositeur Georges Aperghis et le metteur en scène Guy Cassiers –, à l’accompagner dans la création de ce personnage : Ismène la discrète, la passive, la faible, incarnant la dimension sensuelle à laquelle Antigone, intellectuelle, héroïque et extrême, n’accède pas.

Cette incarnation naît d’un théâtre musical sensible, des images composées secrètement par les lumières, de la mutation de la parole en chant, d’un parcours où les éléments primordiaux, l’eau, la terre, le feu et l’air rythment l’espace et le temps. Une étrange synthèse où la technologie rejoint discrètement un art du conte simple et éternel.