Textes extraits de l'Évangile selon Saint Luc (22/19–24/3), du Livre de Jérémie (53/4-5) dans la traduction de Martin Luther, Graduel Romain, et de Paul Celan Tenebrae aus Sprachgitter (1957)
Première françaiseCréé en 2000 pour commémorer le 250ème anniversaire de la mort de Jean-Sébastien Bach, _Deus Passu_s – dont Musica donne la première audition en France –, est sous-titré « Fragments de Passion selon Luc » par le compositeur.
Wolfgang Rihm (né en 1952) aime à se situer par rapport à l’histoire de la musique. Son œuvre, y compris dès les toutes premières pièces, y a souvent fait allusion : références à Malher, Beethoven, Schœnberg ou Debussy, citations parfois, confrontation régulière aux formes classiques. De son immense trio à cordes (Musik für drei Streicher, 1977) où sont « invités » Beethoven et Bartók, à Deus Passus, la fréquentation du passé est chez Wolfgang Rihm, continue, naturelle et inspiratrice.
On doit à Helmuth Rilling – fondateur en 1954 de la Gächinger Kantorei, puis en 1981 de l’Académie Internationale Bach –, cette commande. Wolfgang Rihm retient l’Évangile selon Saint-Luc, pour la raison essentielle, dit-il, qu’il est celui ayant le moins subi de déformation antisémite. Réduisant le récit à une action logique, insérant selon la tradition baroque des textes additionnels – notamment un poème de Paul Celan à la toute fin de l’œuvre –, Rihm compose ici selon la grande tradition musicale européenne. Il dépasse pourtant la seule dimension chrétienne pour accéder à un universalisme transcendant.