Apéro bouffe en sept scènes
créationDans les limbes, cet espace incertain où le temps se déroule sans fin, Carl et Bruno vaquent à leurs occupations éternelles quand l’arrivée de Tina vient tout perturber… Jusqu’à la catastrophe qui les précipite vers l’enfer. Le premier opéra (bouffe) de Stefano Gervasoni (1962) est une sacrée cuisine…
Le 20 avril 2007, l’Église catholique a officiellement rayé les limbes de ses dogmes. Que sont alors devenues les âmes qui jusque-là séjournaient dans cette région entre ciel et enfer, dans l’attente de leur rédemption ? Le spectacle qui se déroule dans la période qui précède cette annonce – perturbant soudainement le ronronnement des affaires en cours – nous en donne un drôle d’aperçu. Patrick Hahn, librettiste de Limbus Limbo, a convoqué trois personnages principaux dont les deux premiers sont supposés avoir rejoint cette zone intermédiaire depuis un bon moment : Carl [von Linné], médecin et botaniste, inventeur de la classification des espèces, y ère depuis 1778, [Giordano] Bruno, prêtre et philosophe, condamné au bûcher pour hérésie, y attend son sort depuis plus longtemps encore, depuis 1600 précisément. Ainsi qu’il est concevable, l’un et l’autre répètent inlassablement l’activité qui fut la leur durant leur vie terrestre. Mais ces occupations ennuyeuses et ordonnées sont bouleversées par l’arrivée intempestive de Tina (There Is No Alternative), une riche milliardaire de notre temps qui a soudoyé un garde pour ne pas rejoindre directement l’enfer auquel elle était inéluctablement promise. Il est alors question de séduction, d’ennui à tromper, de fête à organiser. La fête battra son plein jusqu’à la fameuse annonce du Vatican, et – quel paradoxe ! – bravera l’incertitude des lendemains…
À ce dispositif dramaturgique, Stefano Gervasoni associe le chiffre trois et ses combinaisons, qu’il décline de différentes manières : 3 chanteurs, 3 acteurs, 3+3 percussionnistes, 3 instruments supplémentaires… Il parie sur un instrumentarium très ouvert avec les percussions bien sûr, mais aussi diverses flûtes à bec – jusqu’à la flûte basse « Paetzold » –, les cors – naturel, des Alpes, cornets de toutes sortes –, et le cymbalum. À celui-ci s’ajoute enfin un dispositif électronique dont une des tâches est de donner « une apparence sensible aux limbes. Non seulement en recréant le son des limbes, mais en réalisant de manière sonore le paradoxe scénique qui consiste à renverser le cadre de la fiction. » Le compositeur imagine des confrontations temporelles (baroque/contemporain), stylistiques (jusqu’au limbo, cette sorte de danse acrobatique originaire de Trinité et Tobago) et vocales (de l’intelligible à l’onomatopée).
L’univers volontiers baroque de la metteure en scène Ingrid von Wantoch Rekowski, associé à la pluralité des percussions et aux personnalités des chanteurs et acteurs de la troupe, promet un riche mélange. La transcription d’une scène improbable aux confins de la vie « extra-terrestre », où l’arrivée du plus grand des dangers est niée dans un irrépressible et féroce délire !
Production déléguée Les Percussions de Strasbourg Diffusion, Laurence Dune Coproduction Théâtre National de Strasbourg / Opéra national du Rhin / KunstFestSpiele Herrenhausen / Opéra Comique / Festival de Marseille, FDAmM / GMEM / Festival Reims Scènes d’Europe / Musica Avec le soutien du Fonds de Création Lyrique, de La Muse en Circuit et du CIRM Les Percussions de Strasbourg sont soutenues par la Ville et Communauté Urbaine de Strasbourg, la Région Alsace, le Conseil Général du Bas-Rhin, le Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Alsace) Avec le soutien du Réseau Varèse (subventionné par le Programme Culture de la Commission Européenne)
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