Lecture on Nothing

programme

Lecture on Nothing (1949 / 2012) / 1h

Texte | John Cage
Interprétation, conception et mise en scène | Bob Wilson
Musique | Arno Kraehahn
Vidéo | Tomek Jeziorski
L'homme aux jumelles | Tilman Hecker
Collaboration | Ann-Christin Rommen, Stephan Buchberger

C’est à n’en pas douter l’un des événements de Musica 2012. La présence à Strasbourg de Robert Wilson pour son interprétation de la fameuse Lecture on Nothing, la Conférence sur rien donnée par John Cage en 1949 à l’Artists’ Club de New York. Un texte qui a trouvé dans la production artistique de la deuxième partie du XXe siècle une extraordinaire résonance.

Neuf ans après la conférence de New York, le texte fut publié dans la revue Incontri Musicali, puis un peu plus tard en 1961 dans le célèbre recueil d’essais et de conférences intitulé Silence. Sa disposition dans la page, ses divisions en mesures, en lignes, en unités, lui donnent une structure musicale évidente. John Cage en recommandait une lecture rythmique, sans artifice, avec le rubato utilisé dans la conversation courante. Au-delà de leur aspect expérimental, alors volontiers provocateur (il marqua par exemple la « rupture » entre le compositeur américain et Pierre Boulez), ces dix-huit pages contiennent les éléments de la pensée cagienne ; elle aura renouvelé le rapport au son, à l’activité musicale, à l’idée de continuité ou d’enchaînement, à l’art tout simplement.

Robert Wilson – étudiant en architecture à New York au début des années soixante –, se souvient de sa première lecture de Silence et de l’influence profonde qu’elle exerça sur son travail. « C’était, dit-il, quelque chose de radicalement nouveau, un mode de pensée totalement différent. Une forme de liberté, pouvoir prendre ce texte en débutant sa lecture à tout endroit, du début à la fin comme de la fin au début, en son milieu, etc. Il n’y avait plus d’ordre… Pour moi, le plus important dans ce recueil fut bien sûr la Lecture on Nothing. Car ne rien faire est particulièrement difficile… »

Dans ses mises en scène, on sait l’importance que Robert Wilson apporte à la durée, au temps, à la dimension plastique et statique de la représentation scénique, au silence, ce silence que John Cage a, d’une certaine manière, rendu audible.

La fin du texte de la conférence de Cage semble, par anticipation, dédiée au metteur en scène texan : « (…) La raison pour laquelle ils n’ont pas de musique au Texas / est qu’ils ont des disques au Texas / Supprimez les disques du Texas / et quelqu’un apprendra à chanter (…) ».


Production Ruhrtriennale Spectacle en anglais

Avec le soutien du Fonds franco-américain pour la musique contemporaine (FACE)