Créé à Paris en mars dernier, le monodrame du compositeur Hèctor Parra saisit la dimension tragique et intime du texte original de Marie NDiaye. Entre la complexité formelle de la musique et la sophistication littéraire de l’écriture, se nouent le tragique et l’émotion.
Délaissant provisoirement ses sources d’inspirations picturales (notamment Le Greco et Cézanne) ou scientifiques (son opéra Hypermusic Prologue créé en 2009 était composé sur un livret de la physicienne Lisa Randall), le compositeur espagnol Hèctor Parra (né en 1976) cherche dans l’expérience du monodrame (une voix seule face à la musique) un voyage au plus profond de l’âme, de l’inexprimable, de l’étouffement.
Ces sentiments intimes sont ceux d’une femme confrontée, au mitan de sa vie, à une double perte, passée et à venir. Son monologue intérieur composé de manière labyrinthique, circulaire, incantatoire parfois, révèle une humeur à la fois résignée et révoltée. Cette femme seule chemine vers sa mère, en Allemagne, et porte avec elle, au sens propre et figuré, le poids de la vie.
Le compositeur cite deux œuvres pour éclairer son rapport personnel à cette complexité intime : Cassandre de Michael Jarrell sur le texte de Christa Wolf (1992), dans laquelle l’ensemble instrumental tisse un décor fantasque à la voix parlée, et Erwartung de Schoenberg (1909) où la voix chantée articule organiquement le livret de Marie Pappenheim avec l’orchestre.
La mise en scène de Georges Lavaudant se développe dans la simplicité rituelle nécessaire à la partition. Les musiciens y figurent au lointain la nébuleuse sombre et mouvante des sentiments introvertis et implicites.
Production C.I.C.T. / Théâtre des Bouffes du Nord Coproduction LG Théâtre / Ensemble intercontemporain / Ircam – Centre Pompidou / Opéra Théâtre de Saint-Etienne Avec le soutien de l’association Beaumarchais-SACD Avec le soutien amical de la Ernst von Siemens Musikstiftung Action financée par la Région Ile-de-France