L’Opéra national du Rhin réunit une distribution exceptionnelle pour la création mondiale du premier grand opéra du compositeur français Régis Campo, adapté de la pièce de Bernard-Marie Koltès.
En 1986, lors de la création de Quai Ouest dans la mise en scène de Patrice Chéreau, Bernard-Marie Koltès s’interrogeait « de savoir si une pièce pouvait commencer par un sujet et terminer par un autre » et il s’inquiétait de son propre rôle : « On essaie souvent de vous montrer le sens des choses qu’on vous raconte, mais la chose elle-même, on la raconte mal ; alors qu’il me semble que c’est à bien la raconter que servent les auteurs et les metteurs en scène, et à rien d’autre. »
Près de trente ans ont passé et, à l’auteur et au metteur en scène, il faudra désormais ajouter le compositeur, puisque Quai Ouest, du théâtre passe à l’opéra, au théâtre chanté, métamorphosé par la musique avant de l’être par le spectacle.
La musique de Régis Campo – né en 1968, auteur déjà d’un opéra bouffe inspiré de Copi (Les Quatre jumelles, 2008), mais aussi de symphonies, quatuors à cordes ou concertos régulièrement primés en France et à l’étranger – vient donc saisir « à bras le corps » ce texte qui interroge de manière toujours très actuelle la question de la survie, du passage, de la décision… Elle s’empare aussi des personnages (tous ceux de la pièce sont conservés) qui tressent une psychologie de groupe et de domination avouée : Koch qui se réfugie dans ce lieu de dock improbable avec l’idée de mettre fin à ses jours, Charles, jeune homme ambitieux qui veut à tout prix s’en sortir, Claire sa sœur encore adolescente, Cécile leur mère vénale, Rodolfe leur père (ancien combattant qui doute de sa paternité), Fak, petite frappe, Monique secrétaire de Koch et Abad, âme muette et noire qui hante ce territoire aboli.
En projetant sa pièce dans les limites sombres d’une ville portuaire, Koltès pariait sur cette alchimie trouble des confins qui modifie les corps et les relations, exacerbe les pulsions, les sentiments et les ressentiments. Régis Campo fait, lui, le pari que l’opéra est un vecteur idéal pour accompagner cette transformation des êtres, usqu’aux moments fatals et irréversibles de leurs parcours.
Production Opéra national du Rhin Coproduction Staatstheater Nürnberg Avec le soutien du Fonds de Création Lyrique Représentation proposée uniquement dans le cadre des abonnements Musica 2014 et Cartes Liberté. Pour la vente à l’unité et les autres représentations, s’adresser directement à l’Opéra national du Rhin
La presse en parle