d'après L'Esprit de la terre (1895) et La Boîte de Pandore (1904) de Frank Wedekind
L’inclassable trio mené par le chanteur-compositeur Martyn Jacques revisite en dix-huit chansons le personnage de Lulu. Aux frontières du cabaret et de la chanson de caractère.
Depuis maintenant vingt-cinq ans, les Tiger Lillies explorent – à mi-chemin entre l’expressionnisme des années 30 et le music hall anglais – leurs thèmes de prédilection : bas-fonds, misère, addiction et prostitution magnifique… sur un mode volontiers provocateur et blasphématoire. Avec son instrumentation faussement dérisoire (scie musicale, thérémine, accordéon, percussion, contrebasse…) et la voix de haute-contre incomparable de Martyn Jacques, le groupe londonien parcourt le monde et multiplie les collaborations excentriques.
Que les Tiger Lillies reprennent à leur compte le tragique parcours de Lulu revêt donc une sorte d’évidence. Mis en scène par le photographe et plasticien américain Mark Holthusen – dont la technique unique combine ingéniosité numérique et imagination débordante – ce tour de chant théâtral puise aux vers écrits par Frank Wedekind. Laura Caldow, danseuse formée à la Central School of Ballet et au Merce Cunningham Studio, incarne l’ambiguïté de cette Lulu à la fois victime expiatoire et complice involontaire de sa plongée en enfer.
Commande de l’Opera North Projects, le spectacle a reçu un accueil unanime à sa création en janvier dernier. Selon la critique du Guardian, « il vous place dans une situation aussi inconfortable que l’enfer, mais jamais vous n’en détournez votre regard fasciné. »