Hachô dyôldat Alôhô
oratorio syriaque contemporain pour soliste, chœur mixte et ensemble instrumental baroque
Textes, fragments des Évangiles, et des évangiles apocryphes, divers emprunts à Rainer Maria Rilke, haïkus japonais, Louis-Ferdinand Céline, berceuse populaire italienne du XVIIe siècle, Zad Moultaka
Photographies, Catherine Peillon
Fin de la manifestation à 21h40
Ne plus appréhender les derniers instants de la vie de Jésus à travers le récit qu’en livrent les évangiles, mais en les imaginant à travers les yeux de sa mère : tel est l’objectif inédit de la Passion selon Marie, de Zad Moultaka (2011). Cette œuvre pour soliste, chœur mixte et ensemble instrumental baroque, engage à cet effet des artistes plus familiers des répertoires anciens que des pages contemporaines : la soprano María Cristina Kiehr, qui prête ici sa voix suave et chaude au personnage de Marie, sera accompagnée du Concerto Soave de Jean-Marc Aymes et du chœur Les éléments de Joël Suhubiette, interprète fidèle de la musique de Moultaka.
« Dans la peinture de la Renaissance, le personnage de la Vierge intrigue par l’expression d’une souffrance immense mais retenue, intériorisée », confie Zad Moultaka – attaché, dans sa Passion, à suivre en temps réel l’expérience de la Vierge alors que son fils est au martyre. Entre souffrance et dignité, les émotions qui sont les siennes se détachent alors de l’événement singulier qui les cause pour toucher à un universel dont toute l’œuvre marque la quête.
Moultaka a pour cette raison choisi de composer le livret de son oratorio en y mêlant textes profanes et sacrés (dont le dialogue révèle « la douleur universelle de l’humanité ») : des fragments des évangiles (canoniques ou apocryphes), des haïkus japonais, des phrases de Rilke ou de Céline ou une berceuse populaire italienne du xvııe siècle sont ainsi mis dans la bouche de Marie ou du chœur d’où émergent, parfois, les voix solistes de Marie-Madeleine, de Judas, de Pierre ou de Jean. L’ensemble est par ailleurs traduit en syriaque – une langue dont Moultaka apprécie les « accents tantôt rauques, tantôt chantants », lui conférant « à la fois force et douceur ».
Le compositeur envisage l’instrumentarium baroque avec cette même oreille, rompue au rapprochement des instruments arabes avec les techniques d’écriture contemporaines. Dépouillés de leur dimension culturelle, les sacqueboutes, cornet muet, violes, orgue, clavecin ou théorbe s’entendent dès lors comme des instruments nouveaux, servant l’expression de tous les sentiments du tragique : douleur, tristesse, indignation, colère et infinie tendresse.
Commande du festival d’Ambronay, coproduction CCR d’Ambronay, Les éléments, Concerto Soave, Odyssud-Blagnac et Art Moderne
La Paroisse du Temple Neuf - Association Arts et Cultures accueille Musica
Avec le soutien de la Sacem, de l'ADAMI et de Ernst von Siemens Musikstiftung