Ensemble intercontemporain
(Les îles enchantées ou les aventures en mer des merveilles)
Voix et séquences enregistrées pour la réalisation de la partie électronique :
soprano, Livia Rado ; trombone, Athos Castellan (église San Lorenzo, Venise)
récitant, Johan Leysen ; contre-ténor, Andrew Watts (studio de l'Ircam)
Entretenant avec les autres arts une relation toujours féconde et inspirante, Olga Neuwirth, compositrice autrichienne, revient cette année avec Le Encantadas o le avventure nel mare delle meraviglie (Les îles enchantées ou les aventures en mer des merveilles), créé en 2015 au festival de Donaueschingen par l’Ensemble intercontemporain – qui l’interprétera à nouveau ici, sous la baguette de Léo Warynski. Par la grâce d’un dispositif Ircam permettant de déplacer dans n’importe quelle salle de concert l’acoustique de l’église San Lorenzo de Venise, l’auditeur est installé dans une « arche des rêves » partant de cette église pour voyager, « à travers l’espace et le temps, d’une île à l’autre, et sur les mers agitées… »
Le titre de l’œuvre renvoie à celui d’un ouvrage d’Herman Melville, auteur cher à Neuwirth (qui lui rendit hommage dans The Outcast, 2009-2011) : The Encantadas, or Enchanted Isles (1854). Ces dix « esquisses philosophiques » composent une méditation hétéroclite sur l’archipel des Galapagos (jadis baptisé « Las Encantadas »). À leur imitation, Le Encantadas de Neuwirth juxtaposent cinq îles (avec deux interludes, un prologue et un épilogue) défilant devant l’auditeur, affirmant leurs contours sonores avant de s’estomper en silhouette nébuleuse, jusqu’à la plus fantastique d’entre elles.
Cette traversée imaginaire, striée de paysages sonores captés dans la lagune de Venise, se réalise par ailleurs dans un espace acoustique reconstruisant celui de l’église San Lorenzo, imposant édifice situé dans le quartier Castello de la Sérénissime. L’architecture de la basilique Saint-Marc avait, autrefois, inspiré Gabrieli ou Monteverdi ; mais c’est celle de San Lorenzo, pour laquelle Luigi Nono avait composé son Prometeo (1981-1985) et aujourd’hui en ruine, qu’Olga Neuwirth s’est employée à « sauvegarder » acoustiquement : une technique développée avec l’ingénieur Markus Noisternig a permis de capturer son acoustique pour la reconstruire ailleurs et la traiter comme enjeu de composition. L’auditeur est ainsi déplacé virtuellement dans cet espace, envisagé comme celui d’un bateau sur la mer : c’est assis et déplacé au cœur de sa « nef » qu’il perçoit les sons extérieurs, ceux d’un voyage fantasmé sur la « mer des merveilles ».
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Petite restauration sur place avant et après le concert
Le Point d’Eau, Ostwald accueille Musica
Avec le soutien de Ernst von Siemens Musikstiftung et le Consulat général d'Autriche