L’orchestre d’hommes-orchestres
Fin de la manifestation à 22h10
L’homme-orchestre n’a qu’un talent : celui de les avoir tous – un peu. Fondé à Québec en 2002, L’orchestre d’hommes-orchestres (LODHO) en réunit six qui, tous, touchent à tout, en assumant de ne le faire qu’à moitié. Car la limite devient opportunité : n’être qu’un virtuose moyen de chaque instrument contraint et justifie la recherche de « solutions hors-pistes » radicalement indisciplinées. Leurs reprises de chansons de Tom Waits, présentées conjointement par Musica et L’Arsenal / Cité musicale-Metz, se révèlent alors être bien plus qu’un concert : un cirque musical réjouissant, foutraque et délirant – beaucoup.
« Ils disent que je n’ai pas de tube et que c’est difficile de travailler avec moi… comme si c’était une mauvaise chose », grinçait Tom Waits en 2011, au moment d’être introduit au Hall of Fame. Celui qui a de nombreuses fois chanté le destin imaginaire de Frank (un vagabond alcoolique et bordélique) a, en effet, construit depuis 1971 une carrière remarquablement atypique : celle d’un véritable « homme-orchestre », auteur-compositeur-interprète-comédien-réalisateur et concepteur de spectacles. Le timbre rauque et abrasif de sa voix, le cynisme de ses textes et l’humour de ses mises en scène n’en ont pas moins fait de Tom Waits une icône du rock et de sa production un univers unique, dans lequel ne pouvait que s’épanouir l’esprit burlesque de LODHO.
Car celui-ci ne se contente pas de « jouer du Tom Waits » (comme ont pu le faire Bruce Springsteen, Jeff Buckley, Diana Krall, Tori Amos ou Cat Power) : il « joue à Tom Waits », avec tout ce que cela implique de recherche mimétique (le style vocal du chanteur est remarquablement décalqué) et de bricolage ludique. Hors la voix, la guitare et la basse, tous les instruments sont en effet inventés ou relèvent d’un usage détourné d’objets du quotidien (vous savez jouer de la théière ?) Plus encore : ces corps sonores sont eux-mêmes soustraits à leur seule fonction musicale pour donner lieu à d’abracadabrants gags visuels. Pièces de costume ou de décor, ils participent du tournoyant capharnaüm scénique organisé par les six artistes autour d’un pot de fleurs en plastique. Ça doit ressembler un peu à ça, chez Frank.
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Petite restauration avant et après le spectacle
En coréalisation avec Le Point d’Eau, Ostwald
Avec le soutien de Ernst von Siemens Musikstiftung et de la Caisse des Dépôts
En partenariat avec l’Arsenal / Cité musicale-Metz (autre représentation le 6 octobre)