création française
Musiques
Yannis Kyriakides Ode to Man I (2017)
Luigi Nono La fabbrica illuminata (1964)
Georges Aperghis Machinations (2000 / version Silbersee 2017)
Yannis Kyriakides Ode to Man II (2017)
Fin de la manifestation à 22h00
L’homme domine-t-il la technologie ou en est-il devenu la proie ? C’est la question que posent les artistes amstellodamois de Silbersee dans une performance transdisciplinaire créée l’an dernier à la Ruhrtriennale à Duisbourg. Danse et vidéo se combinent aux Machinations de Georges Aperghis, à La fabbrica illuminata de Luigi Nono et aux deux parties d’Ode to Man de Yannis Kyriakides, qui servent de socle à ce spectacle exigeant des interprètes un investissement physique total.
Quatre chapitres (Man the Maker, Industrial Man, Cyberman et Beyond Man?), quatre chanteuses, quatre danseurs et quatre œuvres musicales : la structure affirme un fascinant principe de stabilité et de symétrie. Ironie de la situation, c’est plutôt la fragilité de la condition humaine qui transparaît dans Homo instrumentalis. Au commencement était le Verbe, nous rappellent Aperghis et son librettiste François Regnault. Mais un verbe balbutiant, des phonèmes épars qui tentent peu à peu de s’organiser. Parallèlement apparaissent des objets ordinaires (cailloux, graines, plumes, feuillage, etc.), comme autant d’outils rudimentaires avec lesquels contraste l’ordinateur d’un homme dont on perçoit à peine la silhouette. La technologie permet de transformer les voix des quatre femmes, de les engloutir sous une tempête : dès le début du spectacle, l’être humain serait-il déjà menacé ?
Il y a plus de deux mille ans, Sophocle écrivait dans Antigone : « Il est bien des merveilles en ce monde, il n’en est pas de plus grande que l’homme. » Mais celui qui possède la maîtrise absolue des ressources terrestres reste désarmé devant la mort, contre laquelle « il n’aura jamais de charme permettant de lui échapper ». En déconstruisant ce texte dans les deux volets d’Ode to Man, Kyriakides sonde l’opposition entre l’homme et la nature.
C’est l’asservissement du travailleur par la machine que dénonce La fabbrica illuminata dont le matériau provient de bruits enregistrés dans une usine, de messages syndicaux, de témoignages d’ouvriers et de quelques phrases de Pavese. Mais Nono conserve l’espoir de lendemains qui chantent, pour que l’homme maître de son outil voie enfin l’usine éclairée.
Production Silbersee
Co-création avec Ruhrtriennale (DE), De Bijloke (Gent) et Muziekgebouw aan ‘t IJ (Amsterdam)
Avec le soutien de Performing Arts Fund NL, Amsterdam Fund for the Arts, Ammodo
Remerciements à l'Ircam-Paris