Fin de la manifestation à 18h30
Le dernier ballet d’Angelin Preljocaj explore les incidences de la gravitation sur le mouvement chorégraphique, en imaginant ce que pourraient être les évolutions des danseurs exposés à des gravités différentes.
En effet, sur la Lune, la masse d’un être humain est divisée par six. Sur Jupiter, elle est multipliée par deux et demi, sur le Soleil par vingt-huit. On imagine les conséquences de ces écarts sur les gestes d’un danseur, son énergie, sa vitesse. Préoccupé depuis longtemps par les relations entre la gravitation et le mouvement, Angelin Preljocaj en a fait le sujet de son nouveau ballet, créé à la Biennale de la danse de Lyon en septembre 2018. Au moment où il achevait Empty moves (2014), il formulait des interrogations qui se prolongent aujourd’hui : « Quel est le lien énergétique entre l’inerte et l’actif ? C’est presque une question fondamentale de chorégraphie. Il faut porter l’autre, le déplacer, assumer son poids. On est donc dans une question de poids, d’énergie, de gravité, de vitesse. » Envisager la danse en fonction de la gravité conduit à l’invention d’autant d’écritures chorégraphiques. Conçue comme une odyssée charnelle où les danseurs soulignent l’attraction que les corps exercent les uns sur les autres, Gravité fait partie des pièces « abstraites » qui, chez Preljocaj, alternent avec des ballets plus narratifs, mais dont l’élaboration s’accompagne d’une semblable jubilation.
Depuis la création de sa compagnie en 1985, le chorégraphe s’est inspiré de Cage, Ligeti, Stockhausen ou encore Laurent Garnier. Pour sa deuxième participation au festival Musica après Les Nuits en 2013 (sur une musique de Natacha Atlas et Samy Bishai), il continue d’affirmer sa passion pour les grandes figures des xxe et xxıe siècles (associant toutefois Bach, seul ancien, à Murail). Grisey, Ikeda, Ligeti, Boulez, Glass, Chostakovitch particularisent les huit épisodes. Voilà qui tranche avec les habitudes de Preljocaj, car la plupart de ses ballets se déploient dans un univers sonore plus homogène. Mais dans Gravité, le foisonnement des styles musicaux est à l’image des incidences de la pesanteur sur les corps : une succession de mondes singuliers qui ouvrent vers l’infini du cosmos.
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Voyage en bus organisé au départ de Strasbourg - voir Billetterie
En co-réalisation avec La Filature, Scène nationale de Mulhouse