Fin de la manifestation à 23h00
Bootleg : de prime abord, le mot n’a rien d’engageant puisqu’il désigne une marchandise illicite et notamment une œuvre musicale piratée. D’ailleurs, l’apparence physique des Bootleg Beatles, sortes de clones du célèbre groupe britannique, n’invite-t-elle pas à la méfiance ? Vain préjugé, car la copie a suscité l’admiration de l’original : « Vous connaissez certainement les accords mieux que moi », s’incline George Harrison. Après avoir donné en concert les chansons de Sgt. Pepper, les Bootleg Beatles s’emparent d’un autre enregistrement mythique : l’Album blanc, gravé il y a tout juste cinquante ans.
Le double vinyle de trente titres (format qui, à lui seul, suffirait à témoigner de l’originalité du projet) marque un tournant dans la carrière des Beatles. Premier album publié par le groupe sous son propre label, Apple, il est en partie composé au début de l’année 1968, en Inde où les chanteurs pratiquent la méditation transcendantale auprès du Maharishi Mahesh Yogi. À partir du mois de mai, il fait l’objet d’une longue élaboration dans les studios d’Abbey Road. C’est le moment où John Lennon commence à vivre avec Yoko Ono, dont la présence constante lors des séances d’enregistrement engendre des tensions. Mais bien d’autres raisons entraînent des dissensions entre les membres des Beatles qui se sépareront un an et demi plus tard.
L’album, qui s’intitule en réalité The Beatles, doit son appellation de White Album à sa pochette totalement blanche conçue par Richard Hamilton et dont le minimalisme tranche avec le psychédélisme bigarré de l’époque (celui, par exemple, de la pochette de Sgt. Pepper sorti en 1967). Sobriété inversement proportionnelle au foisonnement éclectique d’un contenu pop-rock qui emprunte au blues, à la country, à la musique baroque ou encore à la musique concrète. Passant d’une éruption hargneuse à une confession intimiste, d’un hymne confiant à une pochade fantaisiste, l’Album blanc possède une dimension expérimentale qui, un demi-siècle plus tard, a gardé toute sa fraîcheur. En compagnie de l’Orchestre de l’Académie supérieure de musique de Strasbourg-HEAR, les Bootleg Beatles donnent aujourd’hui une réalité scénique à ce fabuleux produit de studio.
Concert avec entracte
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Petite restauration avant et après le spectacle
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En co-réalisation avec Le Point d’Eau, Ostwald