Ensemble De Caelis
pour 5 voix de femmes a cappella et électronique
textes, Hildegard von Bingen
Zad Moultaka
Ubi es introduction (O pastor animarum)
Hildegard von Bingen
O aeterne Deus
Quia ergo femina mortem instruxit
O tu illustrata
O splendidissima gemma
Ave Maria
Hildegard von Bingen / Zad Moultaka
Hodie aperuit
Cum processit factura digiti Dei
O frondens virga
O Cruor sanguinis
Zad Moultaka
Ubi es I (de innocentibus)
Ubi es II (O pastor animarum)
Ubi es III (De Angelis)
Fin de la manifestation à 21h50
L’une fut une moniale du xııe siècle, mystique, scientifique, musicienne, médecin, vivant en Rhénanie ; l’autre est un compositeur et plasticien né au Liban en 1967. Quoi de commun entre Hildegard von Bingen et Zad Moultaka ? Beaucoup, au fond. Au point que le second, dont le travail de créateur interroge plus largement les liens et les distances entre l’écriture occidentale et les pratiques musicales arabes, ait choisi les antiennes de la première pour point de départ de son Ubi es (2015). Les cinq voix féminines de l’ensemble De Caelis, aussi bien rompues à l’interprétation du répertoire médiéval a cappella qu’à celle des musiques d’aujourd’hui, révèlent, sous la direction de Laurence Brisset, quelle même ferveur habite ces pages composées à neuf siècles d’écart.
Née en 1098, Hildegard von Bingen entra à huit ans au couvent bénédictin de Disibodenberg sur le Rhin – dont elle deviendra l’abbesse trente ans plus tard. Entre 1151 et 1158, elle composera plus de soixante-dix chants, regroupés sous le titre de Symphoniae Harmoniae Celestium Revelationum (Symphonie de l’harmonie des révélations célestes). Son œuvre nous est connue grâce à deux manuscrits : le Codex Riesen (dont sont issues quasi toutes les antiennes choisies par Moultaka) et le Codex Dendermonde (source d’O frondens virga).
Ces pièces courtes appelées à encadrer un psaume, aux textes librement composés, nous révèlent le génie inventif de la mystique, canonisée et nommée Docteur de l’Église en 2012 : mélodies audacieuses explorant les extrêmes de la voix, syntaxe latine très libre, dans des textes troublants aux images célestes, sensuelles ou apocalyptiques. « Il est étonnant de voir à quel point, dans l’espace intérieur et mental de cette femme hors du commun, la douceur et la luminosité, la violence et la noirceur, se côtoient », témoigne ainsi Moultaka. « Le monde dans lequel elle a évolué était trouble et les résonances avec le nôtre sont multiples. »
Le compositeur assume l’intuition : son Ubi es (Où es-tu ?) déplace les visions de la sainte dans notre monde contemporain. Après avoir augmenté quatre antiennes d’une simple ligne électronique de bourdon, Moultaka convoque des « voix invisibles », et ne cesse, dans l’écriture de sa polyphonie, de dialoguer avec l’antienne O Pastor. L’œuvre culmine sur l’évocation du tyran, étouffé par son crime sous le lourd sommeil de la mort (suffocatus est). L’expérience musicale et mystique à laquelle nous invitent Moultaka et De Caelis est un défi troublant aux espaces et aux temps… Ubi sumus (où sommes-nous) ?
Coproduction Ensemble De Caelis / Festival de Saintes
La Paroisse Sainte-Aurélie accueille Musica
Avec le soutien de Ernst von Siemens Musikstiftung