Fin de la manifestation à 18h20
Guillaume Bellom est un musicien prodige, qui brille autant au violon (licence du CNSMD de Paris en 2014) qu’au piano (doctorat du même CNSMD en 2016) – auquel il se consacre désormais. C’est dire combien lui est familier le répertoire pour violon et piano ! Le duo qu’il compose avec le célèbre et talentueux Renaud Capuçon en offrira trois instantanés : maturité classique avec Beethoven (Sonate n°5 dite « Le Printemps »), incursion moderne avec Messiaen (Thème et variations) et renouveau actuel avec le compositeur et clarinettiste autrichien Jörg Widmann (Sommersonate).
Après l’acmé des dix Sonates pour violon et piano de Beethoven, l’écriture pour ces deux instruments s’épanouira tout au long du xıxe siècle avant de connaître un certain repli. Ainsi, Messiaen n’écrira-t-il deux duos (un Thème et variations en 1932 puis une Fantaisie pour violon et piano) qu’après avoir rencontré et épousé la violoniste Claire Delbos. Et Jörg Widmann témoigne des interrogations qui furent les siennes au moment de composer sa Sommersonate : « Cette forme archaïque a-t-elle encore aujourd’hui quelque chose à nous dire ? ».
La sonate est d’abord un genre, fixé en trois mouvements. Pétrie de références mozartiennes (son « Allegro ma non troppo » est basé sur un air de La Clémence de Titus), la Sonate n°5 de Beethoven déroge pourtant à ce canon classique : elle en a quatre. Celle de Widmann n’en a que deux : le premier, « Moderato », fut conçu durant l’été 2010 (qui en inspira l’esprit clair, libre, et lumineux) et créé la même année par Renaud Capuçon et Frank Braley ; le deuxième, « Romanze », composé ensuite, fut créé en 2013 par les mêmes musiciens.
Mais la sonate est aussi une forme, désignant une manière particulière de présenter et développer deux thèmes principaux. Widmann s’inspire de ce modèle, mis en œuvre dans l’ « Allegro » initial de la Frühling-Sonate, tout en marquant la nécessité d’une distance : « Depuis Beethoven, la sonate ne signifie plus uniquement la pure réussite (…) d’un schéma structuré prescrit. » Le Thème et variations de Messiaen assume pour sa part le modèle plus ancien encore de la forme à variations : sa mélodie rêveuse, exposée puis cinq fois variée, apparaît comme un hiver contemplatif, entre le « printemps » de Beethoven et l’« été » de Widmann.
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