«Il y a un espace entre les êtres, comme entre les mots sur la page. Entre eux mêmes et le lieu qu'ils habitent. Entre ce qu'ils voient et ce qu'ils laissent entendre. Entre leurs gestes et leurs ima-ges. J'ai l'intuition que la musique parle parfaitement de cet espace, qui est sonore, cruel et dramatique.
(...) Trois Pièces à Louer, ce sont trois pièces de dramaturgie et un seul spectacle. Chacune a un «timing», une écriture différente. Pour chacune d'elles, j'ai fait appel à des artistes venus d'univers très opposés, et j'ai écrit pour eux.
Piano Check-Up, la plus ancienne, est une histoire très personnelle. J'y suis impliqué comme performer, comme soliste. Le piano est très souvent un homme seul. Il rêve de son double. Le piano est une boîte magique, un coffre d'illusions. Mon partenaire, ici , est donc magicien: ABDUL ALAFREZ, qui allie à son art des manipulations fines un métier solide dans les grandes constructions (il a travaillé au TNP, au Châtelet, au Théâtre de la Ville de Paris, avec Maguy Marin, Don Cherry, les Lounge Lizards, le Magic Circus).
Le Baigneur, est un «opéra de poche», pour un et Augusto chœurs absents, dont l'argument a été écrit par Maurice ROCHE (Opéra-Bouffe, au Seuil). La partition a été cristallisée par la personnalité de Michel HERMON, acteur et metteur en scène décisif, qui a fait le choix magnifique de se consacrer au chant. Le Baigneur c'est un peu le pari de ce choix, un hommage à la présence renouvelée de cet amoureux de la scène, et à travers lui au geste en pleine mutation du chanteur d'opéra.
Inside a la découpe d'une pièce radiophonique, qui serait jouée en direct. Le bruit et la musique, sont aujourd'hui bord à bord. De cet abordage mutuel naît une grande tension dramatique. Ayant beaucoup travaillé à la radio, j'ai eu souvent l'occasion d'admirer la précision instrumentale du bruiteur, artiste voué à la doublure. Louis AMIEL a accepté cette fois l'aventure du premier rôle. Sa longue expérience de la scène (il a joué, entre autres, huit ans avec Jacques FABRI), son inventivité constante ont solidifié le scénario. Dans cet espace violemment ouvert, la musique ne pouvait être enfermée dans un style. Du baroque au vingtième siècle, David SIMPSON joue de son violoncelle avec la même distinction de rubato, la même précision d'intonation. Inside tente, en partie, de rendre compte de cette polyvalence. Enfin le dernier à entrer en scène (puisqu'il s'agit de spectacle) est sans doute celui qui tisse les liens les plus solides entre toutes ces matières éparses: Jean MEREU, camarade de jazzité, improvisateur de haute ligne (membre de l'ARFI lyonnaise, ajouterait-il sans doute) et magnifique trompettiste.
Ces trois pièces forment un spectacle, et un seul. La musique en est la même.
(...) Dans un salon petit-bourgeois, un magicien manipule le pianiste-maison. Dans une salle de bain-clinique, un chanteur s'invente un opéra et fait jouer un orchestre absent. Dans une chambre borgne et un jardin de bricole un bruiteur en fuite torture un violoncelliste et un trompettiste: Trois pièces à louer par qui voudra bien y regarder de près, sans préjugés de genre, de style, de mode ou d'étiquette».
Dénis Levaillant
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Piano check up
Le baigneur (texte: Maurice Roche)
Inside*
MUSIQUE ET DRAMATURGIE: Denis LEVAILLANT
Interprètes: Abdul ALAFREZ (le magicien), Michel HERMON (le chanteur), Louis AMIEL (le bruiteur, le fuyard), David SIMPSON (le violon-celliste), Jean MEREU (le trompettiste), Denis LEVAILLANT (le pianiste).
Musiciens: Solistes de l'Ensemble ITINÉRAIRE
Direction: Boris de VINOGRADOW.
Inside a été réalisé en co-production entre BLEU 17, l'ensemble ITINERAIRE, le FESTIVAL D'AN-GERS, Musique du XX siècle et RADIO FRANCE (Programme Musical France Culture).
Décor et costumes: David CHAMBORD
Conception acoustique: Jean-Pierre MORKERKEN
Diffusion: Daniel DESHAYS et Augusto MANNIS
Prise de son extérieur: Daniel DESHAYS
Effets spéciaux: Augusto MANNIS
Prise de son studio et mixage: Madeleine SOLA assistée de Philippe BOUILLETTE
Lumières: Alain LE NOUENNE
Production: BLEU 17