Martin Kaltenecker interroge les jeunes compositeurs et les responsables pédagogiques sur leur engagement dans la création musicale.
« La musique dite contemporaine faisant explicitement référence aux avant-gardes nées dans les années cinquante pose mutatis mutandis cette question : est-elle devenue un mouvement durable pour que sa situation socio-artistique soit figée en tant que telle ? On peut bien sûr en douter mais, malgré les innombrables expériences, tendances ou pratiques qui se sont développées à partir d’elle, à partir de ces succès ou de ces échecs, elle s’est bien inscrite comme une unité musicale. Ce qui reste très vaguement défini pour le spécialiste apparaît souvent comme un continent homogène pour le néophyte. Il va de soi de désigner la musique contemporaine comme un style, de l’appréhender – quelque fois avec crainte, même dans les couches cultivées de la société – comme un phénomène sonore uniforme. En 2009, dans un environnement culturel définitivement bouleversé par l’introduction des productions de masse et de loisir, qui radicalise les relations aux pratiques traditionnelles des arts, les deux postulats initiaux de la musique contemporaine – remise en jeu des paramètres musicaux à la fin de produire une musique nouvelle, inscription de cette pratique dans un champ artistique libéré d’un poids historique trop grand – ne semblent d’ailleurs plus guère en usage. Le recours presque systématique à l’histoire de la musique pour en justifier l’autorité n’est-il pas d’ailleurs un édifiant constat de renoncement ? »
Antoine Gindt (extrait de Paradoxes et atouts d’une crise permanente, revue Nexus, n°37, 2007)