Antoine Gindt interroge compositeurs et metteurs en scène sur leurs choix dans les domaines de l’opéra et du théâtre musical.
« Il n’y a pas si longtemps, il fallait brûler les maisons d’opéra. On ne les brûla pas, l’opéra survécut et plus encore il (re)devint pour bien des compositeurs un lieu indispensable à leur art. Il n’y a pas si longtemps, on désigna le théâtre musical comme une alternative moderne à l’opéra. Mais l’alternative ne s’imposa pas et le théâtre musical reste un vaste champ à défricher, souvent envahi de mauvaises herbes. Retour à la case départ ?
Ce type de débat supposerait des raisonnements tranchés, binaires, des vérités instantanées et périssables, supposerait la victoire d’une partie sur une autre, la revanche à venir du perdant… Il fait en tout état de cause peu de cas de l’inspiration ou tout simplement de la nécessité qu’il y a à créer là ou se trouve un outil qui correspond à l’inspiration. Heureusement, les influences, les séquelles sont là.
À supposer que l’opéra – tout du moins sa grande forme – reste vivace, le théâtre musical demeure une hypothèse plausible. Les arts classiques – jusqu’à leur segment contemporain – s’ils étaient moins assujettis à leur fonction routinière de conservation, ne devraient-ils pas être traversés en permanence par des propositions hautement polémiques ? Elles leur assureraient à coup sûr une jouvence indispensable. »
Antoine Gindt (extrait de Les généralités ne nous enseignent rien, revue théâtres&musiques, n°1, 2003)