Texte de Friedrich Nietzsche extrait de Dionysos-Dithyramben (Klage der Ariadne)
CréationComposés séparément de 2001 à 2005, révisés et augmentés en 2009 de deux interludes, ces trois monodrames réunis pour la première fois sont mis en scène au Théâtre de Bâle.
Avec ce triptyque, Wolfgang Rihm recourt à une forme très classique : de la plainte d’Ariadne au dernier souffle de Penthésilée, la tension entre la voix
– toujours dramatique – et l’orchestre est permanente. Le compositeur
y assume magnifiquement sa filiation avec la grande tradition germanique du monodrame lyrique.
Ariane, Anita, Penthésilée. Elles tissent le fil qui lie la femme à la figure masculine : relations de domination dont le sens s’inverse ou se neutralise au fur et à mesure des trois volets.
Inspirée des Dithyrambes pour Dionysos de Nietzsche, le premier volet Aria/Ariadne s’achève ainsi sur l’évocation de Bacchus, symbole de domination, de pouvoir, mais aussi d’érotisme. Cette figure dionysiaque réapparaît avec l’aigle de Das Gehege, séduit mais aussitôt déchiqueté quand Anita, qui l’avait libéré de son enclos, réalise sa faiblesse. Elle résonne finalement avec Achille, dont le corps est déchiré par Penthésilée, avant qu’elle ne se poignarde elle-même, dans un dernier geste d’égalité amoureuse.
Des trois partitions, Das Gehege (L’Enclos), scène nocturne pour soprano, ténor et orchestre, est la seule à ne pas faire explicitement référence au mythe grec. Composée comme prélude au Salomé de Richard Strauss, d’après la scène finale de la pièce Schlußchor (Chœur final) du dramaturge autrichien Botho Strauss, le mythe y renaît pourtant dans l’aigle royal, symbole du Reich, et pose la question de l’insuffisance de ce symbole, prisonnier du passé, incapable à lui seul de surmonter le poids de l’Histoire pour écrire le présent.
[lettrine]Fin du spectacle : 19h45[/lettrine] Spectacle en allemand surtitré en allemand Production Theater Basel [lettrine]Pour ce spectacle, Musica organise un service de bus au départ de Strasbourg.[/lettrine]