Aux claviers, seul face à l’écran, Wolfgang Mitterer réinvente l’expressionnisme du chef-d’œuvre de Murnau. Un film-concert saisissant.
Les images de Nosferatu hantent l’imaginaire du cinéphile. Tourné en 1921 dans des décors réels à Wismar, Lübeck, Lauenburg et Rostock, librement adapté du Dracula de Bram Stoker, ce film fantastique deviendra un classique du cinéma muet allemand et assurera à son auteur une renommée mondiale.
Son héros suscite la répulsion autant que la terreur. Mais surtout, le jeu expressif des comédiens comme les techniques utilisées par le réalisateur – emploi de filtres bleus et sépias, utilisation de l’image en négatif… – ont contribué irréversiblement à l’avènement du film d’horreur. Devenant une référence du genre, il suscitera par ailleurs d’innombrables musiques pour l’accompagner.
Wolfgang Mitterer, dont la mémoire de son récent opéra Massacre est encore vive à Strasbourg (Musica 2008), crée autour des images du maître allemand une fresque sonore étonnante. À l’orgue, complété d’un dispositif électronique, il devient un des personnages du film, un de ces acteurs crépusculaires dont la présence crée l’inquiétude et la fascination.
Le film organise les émotions du spectateur en cinq actes, comparables aux mouvements d’une symphonie. Des émotions fortes, ici affectées par la musique autant que par l’image.
W. Mitterer © Casa da Música / J. Messias
l'Université de Strasbourg