WDR Sinfonieorchester Köln
Dernier des trois grands concerts de création de Musica 2013. L’Orchestre symphonique de la Radio de Cologne sous la direction impeccable d’Emilio Pomárico apporte dans ses bagages quatre œuvres encore inédites en France : celles de Harvey et d’Aperghis, fidèles amis du festival, le concerto de Dieter Ammann pour ses débuts à Strasbourg et l’extraordinaire Fiori di fiori de Francesco Filidei.
Pour tous ceux qui ont approché Jonathan Harvey, l’homme, l’artiste, ou simplement la musique, le 4 décembre 2012 est une date de deuil, celle de la disparition survenue trop tôt d’un compositeur qui avait pris l’habitude de dialoguer secrètement avec les anges et les esprits. Musica qui a joué plus d’une trentaine de ses partitions depuis le début des années 90, lui rend hommage avec Body Mandala, intense cérémonial orchestral qui rend précisément la ferveur ressentie par le compositeur lors d’une visite dans un monastère tibétain du nord de l’Inde.
Les Fiori musicali, recueil de pièces liturgiques publiées en 1635 par Girolamo Frescolbaldi, ont inspiré à Francesco Filidei ses Fiori di fiori. Cette vaste partition, explique le compositeur-organiste (comme son prestigieux et lointain prédécesseur), tente de rendre compte de la sensation unique que procure l’orgue à celui qui le joue : son souffle, ses forces, la spatialisation du son, son buffet, ses mécanismes et registres. À l’écoute de cette pièce on ressent un monde parcouru de foisonnements, de palimpsestes, de courants contraires. L’activité musicale y est extraordinaire. Filidei l’imagine en premier volet d’une série de cinq qui retraceront une sorte de mémoire – autant qu’une étonnante expérience de l’écoute – des grandes orgues d’Europe fréquentées par Frescobaldi.
Interprété par l’exceptionnelle Carolin Widmann, le concerto pour violon du compositeur suisse Dieter Ammann unbalanced instability – dont le titre
(« instabilité déséquilibrée ») fait autant référence au processus de composition qu’à son résultat en plusieurs couches –, est une musique ouverte, aux textures variées, où la relation du soliste avec l’orchestre s’établit librement selon de multiples stratégies.
De Georges Aperghis enfin, on entendra la création de Quatre Études donnée la veille à Cologne. C’est un événement attendu depuis presque vingt ans (L’Adieu, 1992-93), tant les incursions de Georges Aperghis vers l’orchestre restent rares.
Avec le soutien de la Sacem et des Dernières Nouvelles d'Alsace