théâtre musical pour deux chanteurs, six musiciens et électronique
livret d'après Rapport pour une académie (1917) de Franz Kafka
Fin de la manifestation à 19h30
Né en 1979 à Salvador (Brésil) dans une famille de gens du théâtre, le compositeur Januibe Tejera assume l’influence conjointe de l’écriture dramatique et des musiques de tradition orale sur son travail de compositeur. Programmé dans la plupart des festivals d’Europe et d’Amérique, il est entendu cette année pour la première fois à Musica, à l’occasion d’une création mondiale : celle de Moi singe, pièce de théâtre musical pour deux chanteurs, six musiciens et électronique, sur un texte de Kafka. Le spectacle réunira à cet effet la soprano Françoise Kubler, le baryton Thill Mantero et les musiciens de deux ensembles strasbourgeois : Accroche Note – ensemble de solistes familier du public de Musica – et HANATSU miroir – né en 2010 de la rencontre entre la flûtiste Ayako Okubo et le percussionniste Olivier Maurel.
Moi singe est le spectacle d’une conférence : celle donnée par un singe devant un parterre d’« éminents académiciens ». Son texte est une adaptation, en français, d’une des inventions les plus brièvement percutantes de Franz Kafka : Ein Bericht für eine Akademie (Rapport pour une académie). Sur un ton ironique et cruellement distancié, le protagoniste y relate son histoire : celle d’un singe, blessé (il doit à sa balafre son surnom de Pierre le Rouge) puis capturé sur la Côte de l’Or, avant d’apprendre, progressivement, à devenir un homme pour s’intégrer à la société.
La mise en scène de Tejera répartit les musiciens sur le plateau : ils entourent les chanteurs et délimitent fictivement l’espace de la salle de conférence de l’Académie des sciences. Une estrade et quelques chaises suffisent à camper le décor, dans lequel Pierre le Rouge prend la parole. Mais quelle est la voix d’un être mi (ni) singe, mi (ni) homme ? Telle est la chance d’un compositeur, que de lui permettre d’être double : Tejera la confie simultanément ou alternativement à un homme et une femme, dans une ambivalence encore accentuée par l’amplification et le traitement électronique en temps réel dont ils sont l’objet.
La polyphonie propre à ce « Cerbère » vocal est démultipliée par le petit ensemble d’instrumentistes, qui porte une autre voix – une voix sans texte, qui parle quand les mots manquent et qui dialogue avec d’autres éléments de la mise en scène (comme les images conçues par la vidéaste Marie-Anne Bacquet, membre d’HANATSU miroir). Ainsi peut se conduire sur plusieurs plans ce processus cher à Kafka et dont son texte, justement, nous parle : celui de la métamorphose.
Commande Accroche Note / HANATSU miroir
Coproduction Accroche Note, HANATSU miroir, Césaré CNCM/Reims, Festival Musica
Avec le soutien de la Fondation Francis et Mica Salabert
Avec le soutien de Ernst von Siemens Musikstiftung