« Le Traquet rieur »
« pour les sonorités opposées »
« Point And Line »
« pour les cinq doigts »
« pour les degrés chromatiques »
« pour les agréments »
« pour les arpèges composés »
« pour les octaves »
Fin de la manifestation à 19h40
C’est depuis Paris – où elle habite depuis plus de trente ans – que Momo Kodama, née à Osaka, organise sa carrière internationale ; et son répertoire puise à part égale aux sources française et japonaise. En attestent sa discographie, accordant une large place à Messiaen, Debussy, Ravel, Takemitsu ou Hosokawa, comme son engagement en faveur des écritures contemporaines – avec la création de plusieurs Études d’Hosokawa (2013) ou des Figures d’atelier de Rodolphe Bruneau-Boulmier (2015). Le programme du concert composé par l’artiste pour Musica juxtapose différentes pièces de ce magnifique répertoire, où France et Japon se font mutuellement écho.
Frédéric Chopin – à qui Momo Kodama consacra un disque en 2003 – avait érigé l’« étude pour piano » en genre musical à part entière. Aussi est-ce à sa mémoire que Debussy dédia les deux volumes de six études qu’il composa lors de se grande vague créatrice de l’été 1915. Une « étude » doit certes affronter un enjeu de technique digitale ; et Régis Campo actualise malicieusement la contrainte, en imposant à l’interprète de son Étude pour les cordes bloquées (2010) de jouer une main sur le clavier, l’autre plongée dans les entrailles de l’instrument. Mais Debussy fait de cet enjeu un prétexte à un profond travail sur le timbre de l’instrument.
Ses Études, à cet égard, forment non seulement un jalon dans l’histoire du genre – au point que Toshio Hosokawa envisagera ses Six Études pour piano (2011-2013) comme un pendant à ce corpus –, mais dans celle de l’histoire de l’écriture pour piano. Car c’est bien dans le sillage de Debussy que les compositeurs continueront à revisiter cette écriture, puisant comme leur aîné leurs modèles dans les phénomènes naturels – les chants du Catalogue d’oiseaux de Messiaen (1956-58), l’eau qui goutte et ruisselle du Rain Tree Sketch de Takemitsu (1982) – ou le jeu des percussions – le taiko du Mai - Uralte japanische Tanzmusik d’Hosokawa (2012). Et c’est dans cette poétique, alimentant une sensibilité aux résonances, au silence, aux contrastes de nuances, à la relation du grave et de l’aigu ou de la « ligne » et du « point », que les musiques françaises et japonaises se miroitent l’une l’autre, dans un kaléidoscope infini d’influences réciproques.
Dans le cadre de l’exposition « Laboratoire d’Europe, Strasbourg 1880-1930 » / Les Musées de la Ville de Strasbourg
Avec le soutien de Ernst von Siemens Musikstiftung