Lonh

programme

LONH (2018) / 50’

création chorégraphique mêlant chant, danse et scénographie
création mondiale

Musiques :
François-Bernard Mâche Kengir (1991)
cinq chants d'amour sumériens, pour mezzo-soprano et échantillonneur

Kaija Saariaho Lonh (1996)
pour voix de femme et électronique


Chorégraphie, | Lena Angster, Marine Caro, Jessie-Lou Lamy-Chappuis
Chant, | Françoise Kubler
Scénographie, | Mathilde Melero
Création lumière, | Suzon Michat
Compagnie RN7

Depuis la civilisation mésopotamienne de Sumer au moins, l’amour a sa poésie. Il est l’un des plus grands pourvoyeurs de lyrisme de l’histoire de la civilisation humaine. Avec le passage de la poésie au chant, la musique prend corps, et il paraît tout naturel que les trois danseuses/chorégraphes et la scénographe de la compagnie RN7 aient souhaité prolonger le corps chantant de Françoise Kubler par des corps chorégraphiés pour investir l’espace scénique.

En apparence, l’amour que chante en langue d’oc le troubadour Jaufré Rudel, né au xııe siècle de notre ère, est un « amour de loin », sorte de fantasme platonique exprimé selon la tradition littéraire codifiée de l’amour courtois. Comme le suggère Jaufré (« …car nulle autre joie tant ne me plaît, que de jouir d’amour de loin. »), ce n’est pas tant la dame lointaine qu’il aime que l’amour lui-même. Kaija Saariaho propose déjà dans Lonh (1996), où une partie électronique très instrumentale ouvre un vaste espace acoustique largement réverbéré, une extension spatiale de la voix soliste. Résonances, murmures et chants d’oiseaux lointains suggèrent un état onirique susceptible d’entrer en résonance avec cet amour sublimé. Dans Kengir (1991) de François-Bernard Mâche, c’est au contraire un amour charnel qui est évoqué sans fard, avec un lyrisme vibrant et coloré mais néanmoins sobre, même si les sons échantillonnés produisent un discours plus haché, rythmé et syllabique. À travers la quête d’universaux dont le statut mythique court-circuiterait en quelque sorte le langage, le compositeur vise une expressivité immédiate, non filtrée par les conventions culturelles, qui semble justement appeler la corporéité de la danse.
Pour réconcilier amour de loin et amour de près, c’est un processus de métamorphose chorégraphique et scénographique qui est mis en œuvre. De la pénombre monochromatique, des mouvements de faible amplitude et de la synchronie des trois danseuses, ou encore d’un sfumato scénique inspiré par les nappes scintillantes de Lonh, on glisse vers davantage d’extraversion et de mobilité. Les corps se dévoilent, se féminisent et s’animent progressivement, arborant quelques-uns des archétypiques expressifs et émotionnels de l’état amoureux. D’abord lovée sur le sol et lentement hissée, fil d’Ariane invitant à rejoindre l’être aimé distant, une corde se démultipliera en un amas de cordages pour devenir chevelure désordonnée par la danse extatique.

© Lucile Ketterlin
Lonh © Lucile Ketterlin
Lonh
© Lucile Ketterlin

Avec le soutien de la DRAC Grand Est dans le cadre de l'Aide au projet 2018
Coproduction Accroche Note

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