Les Métaboles
Solistes de l’ensemble Multilatérale
Experimentalstudio des SWR
Livret de Massimo Cacciari, extraits d'Eschyle, Euripide, Hérodote, Friedrich Hölderlin, Pindare, Sappho
Fin de la manifestation à 21h45
Retour attendu du chœur Les Métaboles de Léo Warynski, lequel s’empare pour la première fois de la partition du Maître italien avec la passion qu’on lui connaît.
Si l’on en croit Eschyle, Io aurait rencontré Prométhée, enchaîné, tandis qu’elle errait pour échapper à la jalousie vengeresse d’Héra. Pour façonner le livret de Io, frammento da Prometeo, Massimo Cacciari reprend des fragments de ce drame, auxquels il mêle des extraits du Chant du destin d’Hölderlin. Mais lorsque Luigi Nono s’empare de la matière textuelle, il la dépouille de toute intention narrative et l’exploite pour son potentiel sonore, estimant qu’« en musique, seuls peuvent parler les sons ».
En 1975, Nono esquisse le projet de Prometeo – tragedia dell’ascolto (« Prométhée – tragédie de l’écoute ») qui l’occupera pendant une décennie : une vaste méditation sans décors, sans costumes, sans personnages ni narration, qui absorbe totalement la représentation dans le discours musical. Le compositeur italien dénonce là les conventions de l’opéra où le chant, en illustrant la dimension scénique, disperse l’attention du spectateur au détriment de son écoute. S’opposant à cette perception déterminée par le regard, que la disposition frontale dirige dans une seule direction, il conçoit son œuvre comme un archipel où l’oreille de l’auditeur est invitée à se déplacer, comme si elle naviguait entre des îles. Celles de Venise, ville natale du compositeur, source inépuisable d’inspiration en raison de ses mirages acoustiques (on peine à identifier l’origine des sources sonores). Créée le 24 septembre 1981 dans la Cité des Doges, Io est ensuite intégrée à l’« Isola seconda » de Prometeo.
Mais si Nono confronte la prêtresse aimée de Zeus au Titan qui défia les dieux, c’est également parce qu’il voit dans ces deux personnages des figures emblématiques de la quête et de l’errance. Io incarne de surcroît le « choix entre une existence équilibrée, pensée, sûre, et une existence problématique, inquiète, angoissante aussi – même avec des moments de joie intense –, une existence ouverte à toute expérience, à toute connaissance ». Nul doute qu’il incite son public à élire la seconde option, celle où l’écoute devient l’enjeu d’une conscience éveillée.
La Paroisse Saint-Paul accueille Musica