spectacle musical pour un violoncelle, un piano et huit voix
Textes , Sonia Wieder-Atherton, Smaïn Laacher, Jean Hatzfeld, Rithy Panh, Christophe Bataille,
Charlotte Delbo, Anna Akhmatova, Maya Angelou, Wei Zhuang, extrait de La Bible, extraits des Poèmes des enfants de Terezin
Musiques, Galina Oustvolskaïa, Sofia Goubaïdoulina, François Couperin, Igor Stravinsky, Johann Sebastian Bach, Boris Tchaïkovsky, Henry Purcell, ALB, Majida El Rumy, Johannes Brahms
Fin de la manifestation à 22h00
Hantée par la « langue des survivants » rwandais recueillie par le journaliste Jean Hatzfeld, la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton voulut en faire le départ d’un spectacle à même de faire entendre la parole des « peuples oppressés ». Conçu en collaboration avec la metteur en scène Sarah Koné et présenté en février 2017 à la Philharmonie de Paris, Exil réunit un violoncelle et un piano (Laurent Cabasso, professeur à la HEAR de Strasbourg et aux CNSMD de Paris et Lyon) aux huit voix parlantes et chantantes de la Compagnie Sans Père, fondée en 2008 par Sarah Koné pour initier et perfectionner des adolescents aux arts de la scène.
« Exil est né parce que j’ai ressenti l’envie, peut-être même le besoin de me trouver face à ces mots si rarement prononcés, le besoin de les entendre et de les faire entendre », se souvient Sonia Wieder-Atherton. Ces mots ? Ceux des déracinés, des opprimés, des témoins des grands drames. Les textes composant le spectacle racontent ainsi l’exode des Hébreux d’Égypte (lu dans le « Livre des Nombres »), la prise violente de la capitale des Tang (Wei Zhuang, Lamentations de la Dame de Qin, ıxe siècle), l’attente d’une mère devant les portes d’une geôle stalinienne où son fils croupit (Anna Akhmatova, Requiem, 1935-40), le confinement des Juifs de Bohême-Moravie dans la ville-forteresse de Terezin (Poèmes des enfants de Terezin, 1942-43), la déportation à Auschwitz et la détresse de ceux qui en revinrent (Charlotte Delbo, Auschwitz et après, 1946-71), les atrocités commises par les khmers rouges (Rithy Panh, L’image manquante, documentaire de 2013), la ségrégation raciale américaine (Maya Angelou, Still I Rise, 1978), le génocide des Tutsis rwandais (Jean Hatzfeld, Dans le nu de la vie, 2000) jusqu’à l’expérience contemporaine des migrants marocains (Smaïn Laacher, Le peuple des clandestins, 2007) ou syriens.
Ces mots, les jeunes comédiens les disent, les chantent, accompagnés parfois par le violoncelle – qui s’envole, seul ou avec le piano. Sonia Wieder-Atherton a choisi et arrangé des pages qui, du lamento d’Henry Purcell (le fameux « O let me weep » de The Fairy Queen) à la pop enlevée d’ALB (le tube « Golden Chains ») et du violoncelle solo (Goubaïdoulina, Bach, Stravinsky) à la musique de chambre (Couperin, Brahms), s’entrelacent autour des cinq mouvements âpres et denses du Grand duo pour violoncelle et piano de Galina Oustvolskaïa (1959). Le chœur se glisse entre les deux instruments, à distance l’un de l’autre : dans l’espace sobrement structuré par les lumières de Jean Kalman, tous alors font « troupe », au service des « voix assourdissantes des personnes qui fuient » ou qui ne peuvent le faire.
Production Walter Films / la Compagnie Sans Père avec le soutien de DRAC Île-de-France, le Fonds de dotation Les Partageurs, la DAC Paris – La Culture avec la Copie Privée, l’ADAMI
Avec le soutien de Ernst von Siemens Musikstiftung