Électronique, Tom Mays
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Fin de la manifestation à 12h30
Francesco Dillon et son complice Emanuele Torquati font partie de ces interprètes éclectiques qui font leur miel du répertoire romantique comme de la création contemporaine. Programmé pour la première fois à Musica, leur duo offre un beau panorama de quatre décennies de musique italienne avec, de surcroît, la création mondiale d’Animus IIb de Luca Francesconi et d’Unstill de Marco Momi, ainsi que la première française de Further In de Silvia Borzelli.
Lorsque l’on pense à la musique italienne, on pense immédiatement à la chaleur du lyrisme, au goût pour la virtuosité, à l’éloquence mélodique et au sens du théâtre. À partir du xxe siècle, si les compositeurs refusent de se limiter à ces lieux communs, ils continuent cependant de les porter dans leur patrimoine génétique. Chez Giacinto Scelsi, le violoncelle de To the master (1974) chante quelque méditation orientale avec un accent italien, pendant que le piano suit sa propre voie. Salvatore Sciarrino revendique lui aussi son inscription dans une continuité historique, non par idéalisation du passé ni par nostalgie, mais pour en faire le socle d’une nouvelle tradition. Tantôt capricieux, tantôt plaintif, le violoncelle de Melencolia I souffle ses bribes mélodiques sur un piano qui, comme celui de Scelsi, va son chemin de façon impassible. En référence à la célèbre gravure de Dürer, il nous propose d’imaginer « un banc de sable sur lequel on se voit mourir ». Marco Momi irait-il encore plus loin dans l’extinction ? Unstill chuchote une confidence au lyrisme effleuré, avouant un désir à jamais inassouvi. À l’opposé de Scelsi et de Sciarrino, Silvia Borzelli fusionne le violoncelle et le piano, mais partage avec ses aînés l’idée d’un trajet sans climax, qui se dirige vers un but mystérieux, à la fois proche et lointain.
Les deux pièces de Francesconi séparent les membres du duo. Animus IIb pour violoncelle et électronique (d’après Animus II, pour alto et électronique) figure une « recherche de particules de lumière » avec des gestes qui font jaillir les étincelles « dans une matière usée, saturée ». La virtuosité de Mambo se manifeste en premier lieu par la vélocité pianistique, en second lieu par la polyrythmie inspirée du jazzman Lennie Tristano, fils d’émigrés italiens : pour Francesconi, une autre façon de récolter les fruits de ses racines.
Avec le soutien de la Sacem