Orchestre philharmonique de Strasbourg

programme

Orchestre philharmonique de Strasbourg

Violon, | Isabelle Faust
Direction musicale, | Marko Letonja

György Ligeti
San Francisco Polyphony (1973-74) / 12’
Ondřej Adámek
Follow me (2016-17) / 25’

concerto pour violon et orchestre
co-commande Bayerischer Rundfunk, Freunde des Symphonieorchesters des Bayerischen Rundfunks e.V., Helsinki Philharmonic Orchestra, Festival Musica

création française
-- entracte --
Igor Stravinsky
Le Sacre du Printemps (1911-13 / rév. 1947) / 33’

Tableaux de la Russie païenne en deux parties


Fin de la manifestation à 21h40

Pour son concert d’ouverture de la saison 2018-2019, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg dont Musica est partenaire met à l’affiche trois compositeurs originaires d’Europe de l’Est. Autre point commun : leur travail sur le son symphonique, en confrontant l’individu à la collectivité (Follow me d’Ondřej Adámek et Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky), ou en s’inspirant des troublantes illusions de perspective du dessinateur et graveur Maurits Escher (San Francisco Polyphony de György Ligeti).

Quatre ans après sa première programmation au festival Musica, Ondřej Adámek revient avec Follow me, créé en 2017 par sa dédicataire Isabelle Faust et dont Musica est co-commanditaire. Assumant le conflit entre le soliste et l’orchestre, inhérent au genre du concerto, il l’inscrit dans un rituel célébré par un « guide » (le violon solo) dont les propos sont peu à peu déformés par la « foule » (l’orchestre). Celle-ci ridiculise son meneur, puis l’écrase jusqu’à provoquer sa disparition. Faut-il entendre là un écho de notre monde contemporain ? Une métaphore des affrontements qui jalonnèrent l’histoire de l’humanité ? Adámek suggère plutôt la seconde voie, puisqu’il recourt au procédé médiéval du hoquet, assimilant les notes de la mélodie (réparties entre le soliste et l’orchestre) à la musique d’une tribu imaginaire.
Dans Le Sacre du printemps (1913), ce sont les déferlements du gigantesque orchestre, les âpres dissonances, les accents irréguliers et les changements de mesure qui réinventent la musique de rites païens ancestraux. Mais ici, l’Élue – à l’opposé du « guide » d’Adámek – se sacrifie pour la communauté et danse jusqu’à la mort pour obtenir les faveurs des dieux.
Pas plus que Stravinsky, Ligeti ne s’est enfermé dans quelque «système » susceptible d’assurer son succès. Après avoir exploité les potentialités de denses intrications polyphoniques dans les années 1960, il décide d’introduire davantage de transparence et de laisser émerger des lignes mélodiques, mais sans renoncer au contrepoint. En témoigne San Francisco Polyphony en 1975 (le titre fait référence au commanditaire de l’œuvre, l’Orchestre symphonique de San Francisco). Tandis que, dans Follow me, l’ordre imposé par le chef chancelle, Ligeti s’ingénie à concilier ordre et désordre. Mais comme chez Maurits Escher, le tissage de ces états en apparence incompatibles engendre une étrangeté paradoxale qui met au défi notre perception.

Isabelle Faust © Felix Broede
Isabelle Faust
© Felix Broede
Ondřej Adámek © Guillaume Chauvin
Ondřej Adámek
© Guillaume Chauvin

En partenariat avec l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et les Dernières Nouvelles d’Alsace

Concert dédié à la mémoire de Marcel Rudloff, ancien Maire de Strasbourg et Président de la Région Alsace