OUVERTURE

durée 3h30

« Selon Platon, on ne devrait pas changer les lois de la musique, car en le faisant, on change les lois de l’État. En tant que compositeur, je regrette qu’il ait eu tort. Imaginez une situation dans laquelle la musique aurait ce pouvoir. »
— Louis Andriessen

La 42e édition de Musica s’ouvre avec une vaste soirée autour d’une œuvre majeure de Louis Andriessen, De Staat. « Avant de débuter la composition de la pièce, disait-il, j’ai pensé à un grand mur qui lentement s’effondrerait sur nous. » Cet « État » musical est effectivement massif, bâti bloc par bloc, et constitue un tour de force à plusieurs égards, à commencer par son effectif inédit au croisement de l’orchestre, de la fanfare, du chœur de chambre et du groupe de rock. Au moment de sa création en 1976, le compositeur néerlandais adoptait une position critique vis-à-vis de l’organisation traditionnelle de la vie musicale et de l’orchestre symphonique en particulier. Il préférait alors mener ses expérimentations au sein de la fanfare de rue qu’il avait cofondée, De Volharding (La Persévérance - sam 21, 20h30).

De Staat est marqué par son époque, par le conflit générationnel et les luttes sociales des années 1960-1970. Mais sa dimension politique ne s’arrête pas là. Louis Andriessen y propose une « lecture » des passages de la République de Platon où sont définis le rôle, les valeurs et les limites de la musique dans la cité. Selon le philosophe antique, certains modes musicaux exerceraient une influence positive dans la cité, tandis que d’autres devaient être proscrits en raison de leur caractère néfaste. L’innovation musicale elle-même risquerait d’ébranler les fondements de l’État et mieux valait s’en remettre à la tradition et aux modèles des Anciens. Aussi désuètes que de telles considérations puissent sembler, la musique demeure aujourd’hui comme hier aux prises de la morale et du pouvoir politique, condamnée ou favorisée selon les contextes.

Les ensembles Asko|Schönberg et Klang, le Musiekgebouw d’Amsterdam, le festival Gaudeamus à Utrecht et Musica s’associent pour faire résonner cette œuvre rarement donnée en concert, et à travers elle, clamer haut et fort la liberté de création au-delà du carcan patrimonial. Les partenaires du projet rendent également hommage au compositeur engagé que fut Louis Andriessen en commandant à une vingtaine d’artistes des réflexions sur De Staat. Celles-ci forment un catalogue de propositions conceptuelles, de partitions verbales ou graphiques, de performances ou d’installations, disséminées dans le Maillon en amont du concert. Enfin, après un entracte, la soirée se conclut sur un programme « nocturne » autour d’une œuvre composée en écho à De Staat, sur le même effectif, par un élève de Louis Andriessen, l’Américain Oscar Bettison.


de 6 à 25€
11€ avec la carte musica


PROGRAMME

L’État de musique
avec des propositions de Pelumi Adejumo, Zeno van den Broek, Thanasis Deligiannis, Cathy van Eck, Joy Guidry, Valérian Guillaume, Ted Hearne, Janne Kosmos, Dmitri Kourliandski, Johannes Kreidler, Moor Mother, Genevieve Murphy, Keir Neuringer, Stephanie Pan, François Sarhan, Maya Verlaak, Jennifer Walshe.

Louis Andriessen De Staat (1972-1976)

— Entracte —

Oscar Bettison On the slow weather of dreams (2024)


Fin du concert vers 23h30. La deuxième partie de soirée, après l’entracte, chevauche le début de la carte blanche au festival Rewire au Maillon ce même soir (à partir de 22h).
Pour y accéder, un autre billet est nécessaire. Les spectateur·ices muni·es des deux billets peuvent librement circuler entre les deux salles.


direction | Clark Rundell
soprano | Els Mondelaers, Bauwien van der Meer
mezzo-soprano | Michaela Riener, Anna Trombetta


Asko|Schönberg 

hautbois | Evert Weidner
cor | Austris Apenis, Elisabeth Otra
trompette | Arthur Kerklaan, Rutger Pereboom
trombone | Koen Kaptijn, Sebastiaan Kemner, Brandt Attema
alto | Liesbeth Steffens, Marijke van Kooten, nn, nn
guitare basse | Jordi Carrasco Hjelm
guitare électrique | Wiek Heijmans
piano | Pauline Post
harpe | Astrid Haring


Ensemble Klang

trompette | Bianca Egberts, Maarten Elzinga
trombone | Anton van Houten
guitare électrique | Pete Harden
piano | Saskia Lankhoom


dans le cadre de Nord Sonore, musiques aventureuses des Pays-Bas - projet initié par et avec le soutien du Performing Arts Fund NL.
commande Musica, Gaudeamus, Musikgebouw

enregistré par France Musique, ce concert sera diffusé mercredi 23 octobre à 20h dans Le concert du soir, présenté par Arnaud Merlin. Également disponible sur le site de France Musique & l’appli Radio France.

crédits photos AskoSchönberg © Ada Nieuwendijk | Ensemble Klang © Michel Mees