Orchestre philharmonique de Strasbourg
Un des premiers concerts de Marko Letonja en tant que directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg est placé sous le signe d’un double portrait : Charles Ives et John Adams. Ces deux compositeurs qui ouvrent et ferment le XXe siècle musical aux États-Unis, illustrent à quelques décennies d’écart le mouvement perpétuel entre nouveauté et tradition qui nourrit la culture américaine.
My Father Knew Charles Ives (Mon père connaissait Charles Ives) : on peut imaginer qu’avec ce titre évocateur, John Adams répond enfin à la « question sans réponse » de son extraordinaire aîné, comme presque vingt ans plus tôt – avec Harmonielehre – il faisait allusion explicite à Schoenberg et à son célèbre traité d’harmonie rédigé en 1910. Un parrainage autant qu’un hommage à deux compositeurs que tout opposait sans doute mais qui ont l’un et l’autre révolutionné le siècle passé.
Issue du mouvement répétitif, emblématique du minimalisme américain, la musique de John Adams s’est progressivement enrichie de deux éléments essentiels : un retour à l’harmonie post-romantique et l’intégration de matériaux de la pop culture. Cette immersion dans une forme d’actualité, autant artistique que politique, trouvera un véritable aboutissement dans ses deux opéras Nixon in China (1985-87) puis The Death of Klinghoffer(1990-91), résultat d’une intime collaboration avec l’écrivaine Alice Goodman et le metteur en scène Peter Sellars.
Sûrement surprenantes pour des oreilles rompues aux avant-gardes européennes, les deux partitions au programme de Musica 2012 illustrent parfaitement le courant post-moderne dans lequel John Adams joue un rôle éminent. Elles constituent un remarquable panorama d’une œuvre très personnelle malgré ses références, magnifiant l’instrument orchestral.
Avec le soutien du Fonds franco-américain pour la musique contemporaine (FACE)
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